Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/43

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cesses Pichetzky sont nos adversaires ; on ne les achètera par rien, c’est pourquoi il ne me semble pas nécessaire de leur faire un cadeau. Vassilia, c’est autre chose, — on peut et il faut l’acheter ; mais à telles gens, on ne doit pas donner beaucoup à la fois : il faut surtout leur montrer la perspective de biens futurs ; tu lui donneras une robe tout de suite, nous lui enverrons le châle pour sa fête, et, si c’est possible, donne-lui quelque argent.

Il me semble que je t’ai écrit que Sophia Alexandrovna m’avait invité pour une partie de whist en simple redingote ; mais, comme elle avait dit la même chose à toutes les personnes qu’elle avait rencontrées pendant trois jours, en arrivant chez elle à onze heures, j’ai trouvé cinquante personnes qui se pressaient dans son petit logement : en un mot, c’était une soirée en règle. Par bonheur, je dînais ce même jour à l’ambassade d’Autriche : c’est pourquoi j’étais habillé non pas simplement, mais comme il faut. J’ai vu là ta Mary, et je lui ai parlé avec grand plaisir, car, indirectement, elle te rappelait à moi ; mais pourquoi a-t-elle toujours près d’elle ce grand beffroi de Névieroff ? Mary est une femme trop spirituelle pour trouver du plaisir dans sa société.

Avant-hier, j’ai été très inquiet à cause de