Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/47

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surtout pour des vers de ce genre où il y a les blondes… et pourquoi lui fallait-il « ces blondes » ? je n’en porte jamais ! Craignant que, dans « ses principes d’une sage économie », Hippolyte Nicolaievitch n’ait lésé le précepteur, je lui ai envoyé par Mitia, un paquet contenant de l’argent, mais il me la renvoyé immédiatement et m’a écrit qu’il conserverait toute sa vie le plus pur souvenir de moi. Je le plains.

Vassili Stepanitch disait parfois de grandes absurdités ; il a écrit de mauvais vers, mais c’était un bon garçon. Kostia le regrette aussi, parce que maintenant il n’a plus personne à détruire, à renverser après le dîner ; mais Kostia est un tel conservateur qu’il compte même mon mari comme un libéral, et il m’a déclaré qu’il fallait le courber en corne de mouton ; ce corne de mouton lui a tant plu qu’il l’a répété cinq fois en ajoutant que c’est un superbe calembour ; moi, je n’ai pas du tout partagé cette opinion : les grossières plaisanteries de Kostia me déplaisent depuis longtemps ; cette fois, j’ai commencé par me taire, et enfin, j’ai perdu patience et nous nous sommes querellés sérieusement. Il faut te dire qu’à la soirée de Sophia Alexandrovna j’ai rencontré ton mari : il venait d’un