Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/48

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dîner quelconque et était très élégant et très rajeuni ; il avait les cheveux coupés très ras, ce qui lui va très bien ; ainsi le gris disparaît. Il s’est assis près de moi et a commencé à me faire vraiment la cour : cela m’amusait ; mais tout à coup Kostia a tellement froncé les sourcils et a commencé à me lancer des regards si féroces, qu’ayant peur d’un scandale, je me suis hâtée de partir. Le lendemain, en plaisantant, j’ai grondé Kostia pour une telle mimique ; mais lui, très sérieusement, a commencé à m’accuser de coquetterie et a terminé en me disant que je suis une femme « prête à se pendre au cou de n’importe quel civil ». Je n’ai pu en supporter tant et lui ai dit tout ce que j’avais sur le cœur depuis ces derniers temps ; il s’est fâché et m’a quittée sans me dire adieu. Moi, toute la nuit, j’ai réfléchi : Quelles pauvres créatures sont les femmes ! en effet, qui aimons-nous, à qui sacrifions-nous tout ? Le matin, je me suis très fermement décidée à rompre avec Kostia, et, s’il était venu ce jour-là à son heure habituelle, je te jure que maintenant tout serait fini entre nous. Mais il a été retenu par quelque chose et n’est venu ni le matin, ni au dîner : alors je me suis imaginée que lui me laissait et qu’il ne