Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fausses de toutes sortes, un chapelet et d’autres brimborions de ce genre. Je suis profondément convaincu que le pillage a été fait par Vassilisa, car tout cela était entre ses mains. Moi, je ne suis pas héritier, je ne suis qu’indirectement mêlé à cette affaire : c’est pourquoi je n’ai exprimé aucune prétention ; mais toi, comme héritière, tu peux écrire à Vassilisa et la menacer du tribunal ; peut-être rendra-t-elle une partie de ce qu’elle a volé. Je me suis efforcé de faire bonne mine contre mauvais jeu et d’être gai et aimable avec tous : j’y ai tout d’abord réussi ; mais, pendant le déjeuner, on apporte le courrier, et imagine-toi que la première chose que j’ai vue, ç’a été les boîtes de pruneaux de Smourov. À la vue de ces pruneaux, j’ai été pris d’une telle rage que j’ai couru dans ma chambre pour cacher mon dépit… et je t’écris cette lettre. Je t’en supplie, fais dire immédiatement à Smourov qu’il cesse d’envoyer des pruneaux : je ne tiens pas du tout à faciliter la digestion de cette canaille de Vassilisa.

Sûrement, je n’attendrai pas ici le neuvième jour : j’ai assez de tout ce monde interlope, et, à vrai dire, c’était assez niais d’aller aux funérailles. Nous sommes, toi et moi, trop idéalistes et nous jugeons les autres d’après