Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 1.djvu/198

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menés par vous, nous vous adressons nos reproches. Plus que tous les autres dieux nous avons rendu service à votre ville, et nous sommes les seules divinités à qui vous n’offriez ni sacrifices ni libations, nous qui vous protégeons. Si l’on décrète quelque expédition insensée, nous toussons ou nous pleurons. Cet ennemi des dieux, le corroyeur paphlagonien, lorsque vous l’avez élu stratège, nous avons froncé les sourcils et manifesté notre colère : « le tonnerre bruit au milieu des éclairs », la Lune dévia de sa route, et soudain le Soleil, repliant son flambeau sur lui-même, refusa de nous luire, si Kléôn était stratège. Cependant vous l’avez élu. Aussi dit-on que la démence s’est répandue sur la ville, mais que toutefois les dieux tournent à bien vos fautes. Comment celle-ci peut facilement être utile, nous allons vous le dire. Si, convainquant ce Kléôn, vraie mouette de corruption et de vol, vous lui serrez le cou dans une travée, c’en est fait aussitôt de vos fautes passées, et les affaires de la ville remontent vers le mieux.

Viens aussi, souverain Phœbos, dieu de Dèlos, qui habites la roche escarpée du Kynthos ; et toi, bienheureuse habitante du Temple d’or d’Éphésos, où les jeunes filles des Lydiens te rendent des honneurs solennels ; et toi encore, Déesse de notre contrée, maîtresse de l’égide, protectrice de la ville, Athèna ; et toi, qui habites la roche du Parnasse, brillant au milieu des torches agitées par les Bakkhantes de Delphœ, roi des Orgies, Dionysos.

Au moment où nous étions prêtes à partir, Sélènè nous aborde, et nous enjoint d’abord de souhaiter toute joie aux Athéniens et à leurs alliés ; puis elle dit qu’elle est furieuse parce que vous l’avez indignement traitée après