Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 1.djvu/347

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TRYGÆOS.

Il y est allé, au temps jadis, par haine de l’aigle, et pour en faire rouler les œufs, afin de se venger.

LA JEUNE FILLE.

Tu aurais dû plutôt monter le cheval ailé Pègasos ; tu aurais eu pour les dieux un air plus tragique.

TRYGÆOS.

Mais, petite sotte, il m’eût fallu double ration, tandis que tout ce que j’aurai mangé servira de fourrage à ma monture.

LA JEUNE FILLE.

Et s’il vient à tomber dans les profondeurs de la plaine liquide, comment en pourra-t-il sortir, étant ailé ?

TRYGÆOS.

J’ai un gouvernail fait pour cela, et j’en userai : mon vaisseau sera un escarbot construit à Naxos.

LA JEUNE FILLE.

Et quel port te recevra dans ton naufrage ?

TRYGÆOS.

Au Piræeus, n’y a-t-il pas le port de l’Escarbot ?

LA JEUNE FILLE.

Prends bien garde de chopper et de choir de là-haut ! Devenu boiteux, tu fournirais un sujet à Euripidès, et tu deviendrais une tragédie.

TRYGÆOS.

Je veillerai à tout cela. Adieu ! (Les jeunes filles s’en vont.)