Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 1.djvu/96

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DÈMOSTHÉNÈS.

Eh bien ! Et les entrepôts ? Et les navires marchands ?

LE MARCHAND D’ANDOUILLES.

J’y suis.

DÈMOSTHÉNÈS.

Comment donc ! N’es-tu pas au comble du bonheur ? Maintenant jette l’œil droit du côté de la Karia, et l’œil gauche du côté de la Khalkèdonia.

LE MARCHAND D’ANDOUILLES.

Effectivement, me voilà fort heureux de loucher !

DÈMOSTHÉNÈS.

Mais non : c’est pour toi que se fait tout ce trafic ; car tu vas devenir, comme le dit cet oracle, un très grand personnage.

LE MARCHAND D’ANDOUILLES.

Dis-moi, comment moi, un marchand d’andouilles, deviendrai-je un grand personnage ?

DÈMOSTHÉNÈS.

C’est pour cela même que tu deviendras grand, parce que tu es un mauvais drôle, un homme de l’Agora, un impudent.

LE MARCHAND D’ANDOUILLES.

Je ne me crois pas digne d’un si grand pouvoir.

DÈMOSTHÉNÈS.

Hé ! hé ! pourquoi dis-tu que tu n’en es pas digne ? Tu