Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/149

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je sois femme, ne m’enviez pas le droit de proposer le meilleur remède aux affaires présentes. Et, de fait, je paie ma part de l’impôt, puisque j’apporte des hommes, tandis que ces maudits vieillards ne paient rien. Oui, après avoir dépensé les fonds publics gagnés dans la guerre médique, vous n’apportez rien en retour, et nous risquons, en outre, d’être ruinées par vous. Est-ce qu’il y a, pour vous, lieu de grogner ? Si tu m’agaces, j’emploie ce lourd kothurne à te casser la mâchoire.

LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

N’est-ce pas là le comble de l’insolence ? Et il me semble que la chose ne fera que s’aggraver. Mais il faut y remédier : c’est le devoir de tout homme bien outillé. Et d’abord, dépouillons-nous de notre exomis, de manière que l’homme sente l’homme de près ; il ne convient donc pas de se barder d’étoffe. Mais allons, braves aux pieds de loup, comme nous sommes allés au Lipsydrion, lors de notre jeunesse. Aujourd’hui, en ce moment même, il nous faut rajeunir, prendre des ailes, et secouer de tout notre corps cette vieillesse : car si quelqu’un de nous donne la moindre prise à ces femmes, elles ne manqueront pas de faire un vigoureux coup de main ; elles construiront des navires ; elles essaieront de combattre sur mer et de naviguer contre nous, comme Artémisia : si elles se tournent vers le maniement du cheval, j’efface des rôles les cavaliers ; car la femme est un être très chevalin, fort sur la monture, et qui tient bon à la course. Vois les Amazones que Mikôn a peintes combattant contre des hommes. Oui, il faut leur ajuster à toutes un carcan bien troué, et leur y serrer le cou.