Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/161

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parer un gâteau de miel. Prends cette petite couronne et ceins-toi la tête.

UNE FEMME.

Reçois de moi ces bandelettes.

UNE AUTRE FEMME.

Prends-moi cette couronne.

LYSISTRATA.

Que te manque-t-il ? Que désires-tu ? A la barque ! Caron t’y appelle. Tu l’empêches d’aller au large.

LE MAGISTRAT.

N’est-il pas cruel d’éprouver pareil traitement ? Oui, j’en jure, je vais aller trouver mes collègues avec cet accoutrement et me présenter à eux.

LYSISTRATA.

Te plains-tu de n’être point encore exposé ? Mais dans trois jours d’ici, tu recevras de notre part de grand matin les trois choses nécessaires pour ton départ[1].

CHŒUR DE VIEILLARDS.

Il n’est plus temps de rester dans l’inaction pour quiconque est libre de faire autrement. Mais disposons-nous, ô chers compagnons, pour cette grande affaire-ci ; elle me paraît nous présager une suite de révolutions considérables ; il me semble surtout entrevoir la tyrannie d’Hippias, et je crains fort que quelques Lacédémoniens ne se soient rassemblés chez Clisthène et ne déterminent, par quelque artifice, ces femmes détestées des dieux à s’emparer du trésor et de la paye qui me faisait vivre. Il est affreux que des citoyens reçoivent des leçons de ces êtres--

  1. Allusion à l’usage adopté à l’égard des gens condamnés à mort, auxquels on proposait une épée, une corde et de la ciguë.