Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une grande disette de gens de bon sens, et que, d’ailleurs, Eschyle récusait les Athéniens…

Xanthias.

Il avouait probablement qu’un grand nombre d’entre eux étaient des enfonceurs de maisons.

Éaque.

Et il disait que les autres étaient trop légers pour apprécier le génie des poètes. Enfin ils ont abandonné le jugement de cette affaire à ton maître, comme expert dans cet art. Mais entrons, car quand nos maîtres sont fort occupés, les coups ne nous manquent pas.


LE CHŒUR.

De quelle colère épouvantable ne sera point agité le poète véhément, quand il entendra la volubilité de son adversaire qui aura préparé ses coups de dents ? Ses regards alors, roulant çà et là, exprimeront sa rage impitoyable. On verra donc de grands mots, prononcés avec emphase, se heurter contre un flux rapide d’expressions maniérées et de phrases coupées, avec lesquelles l’un fera la guerre au ton ampoulé de l’autre. À cet assaut, les cheveux touffus de celui-ci se hérisseront, son affreux sourcil se froncera ; il rugira et fera entendre des mots ajustés les uns aux autres, qu’il arrachera par un effort gigantesque. Mais le beau diseur, l’éplucheur de vers, cette langue déliée et souple mettra la jalousie en jeu ; il isolera les expressions de son adversaire, et dépréciera, par le détail, l’œuvre de ses puissants poumons.