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Eschyle.

Je n’aurais pas désiré me mesurer ici, car la partie n’est pas égale.

Bacchus.

Et pourquoi ?

Eschyle.

C’est que mes tragédies ne m’ont pas suivi au tombeau. Il a enterré au contraire avec lui toutes ses productions et il a de quoi parler ; néanmoins, puisque vous le souhaitez, il faut vous obéir.

Bacchus.

Allons, qu’on m’apporte de l’encens et du feu, pour qu’avant le combat je fasse ma prière et que je décide, le plus équitablement possible, entre les deux concurrents. Pour vous, chantez quelque hymne en l’honneur des muses.

Le chœur.

Ô filles de Jupiter, chantez, Muses, qui présidez aux combats de ces beaux esprits, habiles à lier des principes les uns aux autres, toutes les fois que, guidés par le désir de se contredire à l’envi, ils se présentent dans l’arène avec leurs pensées ingénieuses et avec la souplesse propre à leur art de disputer. Venez et soyez témoins de tout ce que peut l’éloquence ; fournissez seulement les expressions et l’art de limer les vers, car voilà que ce grand assaut de savoir va commencer.

Bacchus.

Faites aussi des invocations aux dieux avant de réciter vos vers.

Eschyle.

Ô Cérès, toi qui as formé mon cœur, rends-moi digne de tes mystères.