Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/383

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pas les traiter de têtes légères. Si l'État les imitait et n'était pas si curieux de nouveautés, il serait en sûreté. Elles restent assises pour faire griller les aliments, comme autrefois ; elles portent sur leurs têtes comme autrefois, elles célèbrent les thesmophories comme autrefois, elles maltraitent leurs maris comme autrefois, elles ont chez elles des amants comme autrefois, elles achètent des gâteaux pour eux comme autrefois, elles aiment le vin pur comme autrefois, les ébats voluptueux font leurs délices comme autrefois. Si donc, citoyens, nous leur confions le gouvernement de l'État, nous ne devons avoir aucun souci ni être embarrassés de leur conduite. Livrons-leur donc toute l'administration et ne perdons pas de vue, qu'étant mères, elles ont à cœur d'épargner le sang des citoyens. Qui saura mieux faire abonder les provisions qu'une mère ? Rien de plus fécond en expédients qu'un esprit féminin, pour amasser des richesses, et ne croyez pas qu'on leur en impose ; elles connaissent trop elles-mêmes l'art de tromper pour être dupes. Je passe tous les autres avantages. Suivez mes avis, et vous vous en trouverez bien.

Première femme

Fort bien, charmante Praxagora, et parfaitement imaginé. Mais dis-nous, mon amie, où en as-tu tant appris ?

Praxagora

Au temps de la fuite[1], je me réfugiai, avec mon mari, dans le Pnyx ; à force d'entendre là tous les orateurs, j'ai appris moi-même à parler.

  1. Il s'agit de la fuite des habitants de l'Attique à Athènes, au commencement de la guerre du Péloponèse.