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CHRÉMYLE.

Mais afin que tu saches tous les avantages que tu auras si tu demeures avec nous, écoute : je crois qu’avec l’assistance du ciel, je te guérirai de cette cécité et que je te ferai recouvrer la vue.

PLUTUS.

Ne fais rien de cela, je veux rester aveugle.

CHRÉMYLE.

Que dis-tu là !

CARION.

Voilà un homme qui est né pour être malheureux !

PLUTUS.

Jupiter, je le sais assez, connaissant toutes les méchancetés de ces drôles-ci, me perdrait sans ressource.

CHRÉMYLE.

Est-ce qu’il ne te fait pas déjà assez de mal de te laisser marcher ainsi à tâtons sans savoir où tu vas ?

PLUTUS.

Je ne sais, mais je le crains terriblement.

CHRÉMYLE.

Est-il vrai ? Ô le plus poltron de tous les dieux ! Eh ! crois-tu que tout l’empire de Jupiter et tous ses tonnerres valussent seulement un triobole, si tu recouvrais la vue, ne fût-ce que pour un moment ?

PLUTUS.

Ah ! malheureux, ne dis pas cela !

CHRÉMYLE.

Sois tranquille ; je vais te prouver que tu es beaucoup plus puissant que Jupiter.