Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/458

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PLUTUS.

Que je suis malheureux d’avoir ignoré cela si longtemps !

CARION.

N’est-ce pas toi qui donnes tant d’orgueil au grand roi ?

CHRÉMYLE.

N’est-ce pas pour l’amour de toi que les Athéniens s’assemblent si souvent[1] ?

CARION.

Hé quoi ? Les trirèmes, n’est-ce pas toi qui les équipes[2] ?

CHRÉMYLE.

N’est-ce pas lui qui paye les troupes étrangères que nous entretenons à Corinthe[3] ?

CARION.

N’est-ce pas à cause de lui que Pamphile est si affligé[4] ?

CHRÉMYLE.

Et que Bélonopole a tant de chagrin du malheur de Pamphile ?

CARION.

N’est-ce pas lui qui fait qu’Agyrrhius pète si fort ?

CHRÉMYLE.

N’est-ce pas à cause de toi que Philepsius récite des fables ?

  1. Chaque citoyen se rendant à l’assemblée recevait trois oboles.
  2. Les trirèmes étaient équipées aux frais des citoyens les plus riches.
  3. Aristophane fait ici aux Athéniens un reproche qui leur a été fait, en plus d’une occasion, par Démosthène. Les Athéniens étaient devenus lâches, timides et paresseux ; au lieu d’aller à la guerre, ils y entretenaient des armées soudoyées, qui leur coûtaient fort cher. C’est ce qu’Aristophane blâme ici très ingénieusement. (brotier.)
  4. Il avait été exilé pour avoir détourné des fonds de l’État.