Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/465

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CARION.

Puisque vous avez tiré au sort pour aller juger au tombeau, que ne pars-tu ? Caron te donne le signal.

LE CHŒUR.

La peste te crève ! que tu es importun et mauvais plaisant de prendre plaisir à nous jouer de la sorte et de ne vouloir pas nous dire ce que nous veut ton maître ! Cependant, quoique nous soyons accablés d’affaires, et que nous n’ayons pas un moment de loisir, nous sommes accourus en grande hâte et nous avons laissé une infinité de beaux oignons.

CARION.

Eh bien ! je ne vous cacherai plus rien. C’est, mes amis, que mon maître a amené chez nous le dieu Plutus, qui va tous vous enrichir.

LE CHŒUR.

Est-il bien possible que nous allions devenir riches ?

CARION.

Eh morbleu ! même des Midas, si vous prenez des oreilles d’âne.

LE CHŒUR.

Que j’ai de joie, que je suis ravi et que je vais danser d’une grande force, si tu dis sérieusement la vérité !

CARION.

Mais moi, je veux (threttanelo[1] !) imiter le Cyclope, me mettre à votre tête et vous mener ainsi à coups de pieds dans le derrière. Allons donc, mes enfants, haussez le ton, faites retentir, en bêlant, des voix semblables à celles des chèvres et des boucs puants ; suivez-moi, pleins d’ar-

  1. Mot formé par onomatopée pour imiter le son de la lyre.