Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/466

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deur, comme cet animal lascif, et montrez les mêmes goûts.

LE CHŒUR.

Hé bien, nous aussi (threttanelo !) de notre côté, en bêlant, nous chercherons le Cyclope, et s’il arrive par bonheur que nous trouvions ce monstre dégoûtant, cuvant son vin, endormi au milieu de son troupeau et près du sac d’herbes dont il a fait provision pour sa nourriture, nous prendrons un grand bâton brûlé par le bout et nous lui crèverons l’œil.

CARION.

Et moi j’imiterai Circé, qui, par la vertu de ses poisons, changea, à Corinthe, les compagnons de Philonide en pourceaux, et qui les força de manger la pâte qu’elle leur faisait elle-même avec certaine chose que les cochons ne haïssent pas[1]. Allons donc, mes petits cochons, suivez votre mère, abandonnez-vous au plaisir.

LE CHŒUR.

Mais nous, nous prendrons cette Circé avec toutes les vilaines drogues dont elle ensorcelle les gens et dont elle les barbouille ; nous la prendrons, dans l’excès de notre joie, pour imiter le fils de Laerte, par l’endroit sensible, et nous lui frotterons le nez, comme à un bouc, de ce qu’elle fait manger aux autres[2] ; après cela, en faisant la petite bouche comme Aristyllus, tu diras : « Mes petits cochons, suivez votre mère[3]. »

  1. Parodie de l’aventure des compagnons d’Ulysse dans une île de Circé.
  2. Allusion à la manière dont Ulysse se vengea des outrages de Mélanthius.
  3. Proverbe qui se disait de ceux qui s’abandonnaient à la débauche et à l’impureté.