Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/484

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dans ce que tu viens de dire. Mais avec tout cela, je ne t’en traiterai pas mieux, pour que tu ne te glorifies pas de ce que tu prétends nous persuader que la pauvreté est préférable aux richesses.

LA PAUVRETÉ.

Tu ne saurais pourtant me convaincre, mais tu ne fais que badiner et voltiger autour de la question.

CHRÉMYLE.

D’où vient donc que les hommes te fuient ?

LA PAUVRETÉ.

Parce que je les rends meilleurs ; on peut s’en convaincre par l’exemple des enfants : ils évitent leurs pères qui leur veulent du bien. Tant il est difficile de connaître ce qui nous convient !

CHRÉMYLE.

Tu diras donc que Jupiter ne connaît pas ce qu’il y a de meilleur, car il retient les richesses pour lui ?

LA PAUVRETÉ.

Oh ! les deux vieux radoteurs, avec leur esprit du temps jadis. Je vous dis que Jupiter est pauvre, et je vous le ferai voir clair comme le jour. Quand il ordonna que de cinq en cinq ans tous les Grecs s’assembleraient pour les jeux olympiques, et qu’il fit publier qu’il couronnerait les athlètes victorieux d’une simple branche d’olivier sauvage, croyez-vous que, s’il avait été riche, il n’aurait pas beaucoup mieux aimé leur donner des couronnes d’or ?

CHRÉMYLE.

Cela même ne te fait-il pas voir combien il estime les richesses ? Car n’est-ce pas afin de les garder toutes pour