Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/485

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lui qu’il les épargne et donne aux vainqueurs ces bagatelles ?

LA PAUVRETÉ.

Eh ! ne vois-tu pas, toi, qu’en le faisant riche et d’une avarice si sordide, tu lui attribues une qualité beaucoup plus honteuse que la pauvreté ?

CHRÉMYLE.

Puisse Jupiter te foudroyer, après t’avoir couronné d’olivier sauvage !

LA PAUVRETÉ.

Hé bien ! aurez-vous encore la hardiesse de me soutenir que tous les biens qui vous arrivent ne viennent pas de moi ?

CHRÉMYLE.

L’on n’a qu’à demander à Proserpine lequel est le meilleur d’être riche ou d’être pauvre. Elle dira que tous les mois les riches lui font un beau festin et que les pauvres l’ont plutôt enlevé qu’on ne l’a servi. Ainsi, va te faire pendre et ne dis plus rien, car tu ne nous persuaderas pas, quand même tu nous aurais persuadés.

LA PAUVRETÉ.

Ô ville d’Argos, entends-tu ce qu’il ose dire[1] ?

CHRÉMYLE.

Hé ! appelle Pauson, ton commensal.

LA PAUVRETÉ.

Malheureuse que je suis ! Que deviendrai-je ?

CHRÉMYLE.

Va aux corbeaux bien loin de nous.

  1. Parodie d’Euripide.