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CARION.

Ensuite nous sommes revenus au temple du dieu, et après avoir consacré, sur l’autel, les gâteaux et la farine, avec la flamme de Vulcain, nous avons couché Plutus sur un petit lit, selon la coutume, et chacun de nous s’en est fait un pareil.

LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Y avait-il d’autres gens avec vous qui eussent besoin du secours du dieu ?

CARION.

Il y avait un certain Néoclidès, qui, tout aveugle qu’il est, vole avec beaucoup plus d’adresse que ceux qui voient le mieux. Il y en avait d’autres encore atteints de différentes maladies. Après que le sacrificateur du dieu a eu éteint les lampes, il nous a commandé de dormir et nous a ordonné que, si quelqu’un entendait du bruit, il ne dît rien. Chacun s’est donc tenu coi ; pour moi, je ne pouvais dormir, car, près du chevet d’une vieille, qui n’était pas loin de mon lit, il y avait une marmite de bouillie, près de laquelle j’aurais bien voulu me glisser. Mais je mets le nez hors du lit, j’aperçois le sacrificateur qui prenait, sur la table sacrée, les gâteaux et les figues sèches. Il en a fait autant autour des autels, et il a serré dans un grand sac tout ce qu’il a trouvé de restes de gâteaux. Dès l’instant j’ai cru qu’il n’y avait rien de mieux à faire que de l’imiter, et j’ai sauté sur la marmite de bouillie.

LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Ah ! misérable ! Hé ! ne craignais-tu point le dieu ?

CARION.

Si fait, par ma foi, j’avais peur que, avec ses cou-