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LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Que ce dieu est sage et qu’il aime le bien du peuple !

CARION.

Il s’est ensuite assis auprès de Plutus, et d’abord il lui a tâté la tête, puis il lui a essuyé les yeux avec un linge bien fin, et Panacée lui a couvert la tête et le visage d’un voile de pourpre. En même temps, Esculape a sifflé ; à ce signal deux serpents d’une grandeur extraordinaire se sont élancés du fond du temple.

LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Grands dieux !

CARION.

Ces serpents s’étant glissés tout doucement sous le voile de pourpre, je crois qu’ils ont léché les yeux du malade, et il a recouvré la vue et s’est levé de son lit en moins de temps, ma maîtresse, que tu n’en mettrais à boire dix hémines de vin. Moi, de la joie que j’ai eue de ce miracle, je me suis mis aussitôt à battre des mains et à réveiller mon maître. Esculape a disparu immédiatement et les serpents s’en sont retournés dans leur repaire. Mais avec quel empressement crois-tu que tous les gens, qui étaient couchés dans le même lieu que Plutus, se sont levés pour aller l’embrasser ? Ils ont veillé toute la nuit près de lui, en attendant le lever du soleil. Et pendant tout ce temps-là, je n’ai fait que louer le dieu Esculape de ce qu’en si peu de temps il avait rendu la vue à Plutus et augmenté la cécité de Néoclidès.

LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Ô grand Esculape, quelle puissance n’as-tu point ? Mais dis-moi un peu, où est Plutus ?