Page:Athanase d’Alexandrie - Vie de saint Antoine, trad Rémondange.djvu/47

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décourageons pas, n’ouvrons pas notre cœur à la crainte, ne nous forgeons pas de vaines terreurs en disant : Pourvu que le démon ne vienne pas pour me renverser, pourvu qu’il ne me jette pas à bas après m’avoir enlevé, ou que, se présentant tout à coup, il ne me frappe d’épouvante. Ne pensons nullement à cela et ne nous affligeons pas comme si nous étions perdus, prenons confiance ou plutôt réjouissons-nous toujours comme sauvés, réfléchissons en notre âme que le Seigneur, qui a mis en fuite et comprimé le démon, est avec nous, pensons et mettons-nous toujours dans l’esprit que, tant que le Seigneur sera avec nous, les démons ne pourront rien contre nous, car tels ils nous trouvent lorsqu’ils arrivent, tels ils sont envers nous ; ils disposent leurs apparitions d’après les pensées qu’ils découvrent en nous. S’ils nous trouvent craintifs et troublés, eux aussitôt, comme des voleurs, voyant la place sans défense, s’en emparent et profitent, pour agir, des dispositions où nous sommes ; s’ils nous voient remplis d’épouvante, ils augmentent encore leurs apparitions et leurs menaces, et la pauvre âme est opprimée par eux ; mais s’ils nous trouvent nous réjouissant dans le Seigneur, méditant sur les biens futurs, appliquant notre esprit aux choses de Dieu et réfléchissant que tout est dans sa main, que le démon ne peut rien contre le chrétien et n’a de pouvoir en un mot sur personne, voyant alors l’âme affermie par de telles pensées, ils prennent la fuite pleins de confusion. C’est ainsi que Satan, lorsqu’il vit Job fortifié, se retira de lui, et que, trouvant Judas privé de ces sentiments, il en fit son captif. Si donc nous voulons mépriser l’ennemi, pensons toujours aux choses du Seigneur, que notre âme se réjouisse toujours dans l’espérance, alors nous regarderons comme de la fumée les enfantillages des démons et nous les verrons plutôt nous fuir que nous poursuivre, car, comme je l’ai dit, ils sont extrêmement craintifs et s’attendent toujours au feu qui leur