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contemplaient ces monastères et l’ordre qui y régnait s’écriaient, en disant : « Que tes maisons sont belles, ô Jacob ; que tes tentes sont magnifiques, ô Israël ; tes pavillons ressemblent à des vallées ombragées ; ils sont comme un jardin sur le bord d’un fleuve, comme les tentes que le Seigneur a dressées, comme les cèdres qui croissent sur le bord des eaux. (Nomb., xxiv, 5.) »

Antoine, suivant son habitude, s’étant retiré dans son monastère, s’adonna avec une plus grande ardeur à la vie ascétique ; chaque jour il soupirait en pensant aux demeures du Ciel, n’ayant de désirs que pour elles et songeant à la vie éphémère de l’homme ; ne regardant que les qualités intellectuelles de l’âme, il rougissait lorsqu’il devait prendre sa nourriture, se coucher et être assujéti aux autres nécessités du corps. Souvent, en songeant à la nourriture spirituelle, il refusait de manger avec les autres moines et s’éloignait d’eux. Il pensait que ce serait une honte pour lui si on le voyait manger, et cependant, par nécessité du corps, il prenait à l’écart de la nourriture. Souvent aussi avec ses frères, soit par respect pour eux, soit pour leur adresser en toute liberté d’utiles paroles, il leur disait qu’il fallait donner tous ses soins à l’âme plutôt qu’au corps, qu’il était nécessaire cependant de lui accorder un peu de temps à cause de la nécessité, mais qu’il fallait employer tout le reste au bien de l’âme, afin qu’elle ne soit pas entraînée par les voluptés du corps, afin qu’elle ne soit pas réduite en servitude. Ce sont même, ajoutait-il, les paroles du Sauveur, lorsqu’il dit : « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez ni pour votre corps où vous trouverez des vêtements ; ne demandez donc pas ce que vous mangerez et ce que vous boirez, et ne tâchez point de vous élever, car les gens du monde recherchent toutes ces choses ; mais votre père sait ce dont vous avez besoin ; cherchez plutôt le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné. (Luc., xii, 29, 30, 31.) »