Page:Aubigné - Les Tragiques, éd. Read, 1872.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




LIVRE TROISIÈME

——


LA CHAMBRE DORÉE




Au palais flamboiant du haut ciel empirée
Reluit l’Eternité en presence adorée
Par les anges heureux : trois fois trois rangs de vents,
Puissance du haut ciel, y assistent servants.
Les sainctes legions, sur leurs pieds toutes prestes,
Levent aux pieds de Dieu leurs precieuses testes,
Sous un grand pavillon d’un grand arc de couleurs,
Au moindre clin de l’œil du Seigneur des Seigneurs,
Ils partent de la main : ce troupeau sacré vole
Comme vent descoché au vent de la parolle,
Soit pour estre des saincts les bergers curieux,
Les preserver du mal, se camper autour d’eux,
Leur servir de flambeaux en la nuict plus obscure,
Les defendre d’injure, et destourner l’injure