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SONNET DU MESME

POUR LES JUGEMENTS



Et vous ne pensiez pas, ô monstres de nature !
Vous ne le croyiez pas, qu’il y eust dans les cieux
Un Dieu qui recerchast, et juste et curieux,
Vos forfaicts, pour en faire une vengeance dure !

Voyez-le, ô malheureux ! dans la belle peinture
Des tableaux d’Aubigné, et, consequentieux,
Vivez doresnavant sans desmentir vos yeux,
Repeus des doctes traicts de cette portraiture.

Que pensez-vous, meschants ? Les bons meurent de peur
Aux foudres de ces vers qui leur font voir l’erreur (sic)
De vos maux et des maux qui vos maux vont suivant.

Braves vers, graves vers, qui d’une voix terrible
Vous crient : O Tyrans ! voyez qu’il est horrible
De choir entre les mains de ce grand Dieu vivant.


——


SONNET

QU’UNE PRINCESSE ESCRIVIT A LA FIN DES TRAGICQUES.



O trop subtil larron, ou bien hardi preneur ;
Non preneur seulement, mais voleur ordinaire ;
Non seulement voleur, mais tyran sanguinaire,
Qui, abbaissant autruy, fay gloire de ton heur ;

Enchanteur des esprits et violent sonneur,
Qui tonnant nous estonne, et parlant nous faict taire,