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heurtait pour la plupart d’entre elles, la passion de l’égalité qui dominait alors. Elles ont été mises en demeure de réformer leurs statuts ; elles y ont travaillé. En 1793, elles ont été enveloppées dans la haine qu’inspiraient les rois qui les avaient fondées ; elles devaient disparaître. Contestées d’abord au nom des principes de 1789, elles ont été supprimées, nous allions dire exécutées, au nom des principes de 1793.

L’Académie française, qui attirait plus que les autres l’attention des hommes de lettres et des publicistes, et l’Académie de peinture et de sculpture, aux prises avec la jeunesse dont elle dirigeait les études, avaient été particulièrement attaquées.

Aussi lorsque Lebrun, dans la séance du 16 août 1790, vint, au nom du comité des finances, présenter à l’Assemblée constituante le budget des Académies, son rapport fut interrompu. Un député, Le Deist de Botidoux, demanda « l’ajournement jusqu’à ce que l’utilité de l’Académie française fût constatée », et l’ajournement fut voté. Lebrun avait cependant signalé dans quelques paroles très justes les mérites de l’Académie française, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et de l’Académie des sciences : « L’Académie française, disait-il, a des droits à la reconnaissance publique ; on n’oubliera pas que plusieurs de ses membres ont été les apôtres de la liberté. » Il rappelait aussi que l’Académie des sciences jouissait du respect de l’Europe.

Le comité des finances fit reprendre la question dans la séance du 20 août 1790. Lebrun présenta une chaleu-