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bien qu’il ait résisté au vandalisme, a oublié ce qu’il disait en 1790, ce qu’il répétera en 1795. Il a pris le langage du jour ; il déclame contre le despotisme et les tyrans. Il va jusqu’à dire : « Le bon Fénelon a fait un traité sur la direction de la conscience d’un Roi, comme si les Rois avaient de la conscience. Autant eût valu disserter sur la douceur des bêtes féroces. » Ce n’est pas assez. « La nation, dit-il encore, veut avoir le génie pour créancier, d’autant plus que le génie (et nous le dirons crûment), presque toujours le véritable génie est sans-culotte. » David, de son côté, montrera « dans toute sa turpitude, l’esprit de l’animal qu’on nomme académicien ».

Le rapport de Grégoire emprunte à Chamfort un certain nombre de ses traits contre l’Académie française. Il est respectueux pour l’Académie des sciences, dont il fait ressortir les services. Mais le principal grief invoqué contre les Académies et qui doit entraîner leur suppression, c’est qu’elles ont été fondées par les Rois, c’est qu’elles constituent un privilège aristocratique, c’est qu’elles ne sont pas composées en majorité de patriotes.

En voici les premiers mots :

« Nous touchons au moment où par l’organe de ses mandataires, à la face du ciel et dans le champ de la nature, la nation sanctionnera le Code qui établit la liberté. Après-demain la République française fera son entrée solennelle dans l’univers. En ce jour où le soleil n’éclairera qu’un peuple de frères, les regards ne doivent plus rencontrer sur le sol français d’institutions qui dérogent aux principes éternels que nous avons consacrés ; et cependant