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mieux que l’arpenteur apocryphe, amener sur les bords de la Charente le petit Bernard, né sur leurs domaines d’Agenois. De Brisambourg à Saintes la distance n’est que de 4 lieues. C’est à Saintes, ville alors importante, capitale de la province, que l’enfant acquerra les premières notions des lettres et des arts. Malheureusement la première mention que j’aie pu trouver des Gontaut-Biron en Saintonge date de 1559 seulement. À cette époque, la seigneurie de Brisambourg, érigée plus tard en marquisat, entre dans la maison des Gontaut par le mariage de Jeanne de Gontaut avec Pierre Poussard, chevalier, seigneur de Brisambourg, mort sans lignée. Peut-être étaient-ils déjà dans la province ; car il n’est guère admissible que Pierre Poussard soit allé prendre femme si loin. En tout cas, l’existence de Bernard Palissy a été assez enjolivée de fables, assez travestie, pour que je ne vienne pas la charger encore d’un détail hypothétique.

On a raconté que les parents de Bernard Palissy étaient dans l’indigence. La misère au berceau des hommes remarquables est un thème, un beau prétexte à déclamations. Comme on maudit la pauvreté, cette marâtre qui étrangle le génie dans ses rudes étreintes ! — C’est une dure nourrice, il est vrai ; mais elle n’étouffe ordinairement que l’enfant qui n’était pas né viable. Le génie, pressé par les nécessités de la vie, ressemble à l’eau qui, serrée dans un étroit canal, jaillit plus fort en gerbes plus étincelantes. Palissy, il est vrai, s’est appelé[1] « une per-

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