Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/28

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L’œil est vif, intelligent. L’ensemble est empreint de noblesse, de bonté et de fermeté. C’est une figure sympathique et belle. Voilà Palissy, tel qu’on le concevait ; tel que ses livres le révélaient. Aussi la Monographie de l’œuvre de Bernard Palissy, après avoir, dans ses premières livraisons, donné comme véritable la plate figure de la terre cuite en relief de M. de Rothschild, s’est empressée, à la fin, de lithographier la peinture de l’hôtel de Cluny ; et l’artiste, chargé de sculpter la statue pour la ville de Saintes lui a demandé des inspirations. On doit donc rejeter parmi les curiosités apocryphes ce prétendu type de Palissy que nous livre le plat de M. de Rothschild, et que la gravure semble vouloir populariser.

Bernard Palissy eut une enfance laborieuse. Il apprit la science, l’alchimie comme il l’appelle, « avec les dents. » Et cette énergique expression montre à la fois les difficultés qu’il y rencontra et la ténacité qu’il y apporta. Il sut lire et écrire. Ce n’est rien pour nous ; pour le seizième siècle c’était beaucoup. Cette instruction du jeune Palissy, fort étendue pour le temps, ne serait-elle pas une nouvelle preuve que sa famille n’était pas réduite à la misère ? Outre la lecture et l’écriture, l’artisan posséda le dessin, les mathématiques, et la géométrie assez bien pour devenir arpenteur. Il avoue (page 51), en parlant des traits et lignes de géométrie, qu’il n’était « point du tout despourveu de ces choses. » En présence de ces connaissances, fort vastes relativement, il ne faut pas prendre à la lettre ce qu’il nous raconte de son ignorance « Ie ne suis ne Grec, ne Hébrieu, ne Poëte,