Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/39

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l’homme seroit plus accroupy qu’une bouze de vache, en cas pareil si ce n’estoit les pierres et les minéraux qui sont les os de la forme des montagnes, elles seroyent soudain converties en vallées. » L’archevêque de Cambrai n’a peut-être jamais lu le potier saintongeois. Mais le rapprochement m’a paru utile à signaler.

Ce n’est pas tout. Des vapeurs s’élèvent de ces montagnes, ou sortent en fumée épaisse des cavernes qui y sont creusées. Bernard remarque, avec les habitants du pays, que c’est l’annonce de pluies prochaines ; et il en conçoit sa théorie que les eaux produites par les vapeurs les produisent à leur tour : « Car toutes les eaux qui sont (p. 162), seront et ont esté, sont créées dès le commencement du monde. Et Dieu ne voulant rien laisser en oysiveté, leur commande aller et venir et produire. Ce qu’elles font sans cesse, comme i’ay dit que la mer ne cesse d’aller et venir. Pareillement les eaux des pluyes qui tombent en hyver, remontent en esté pour retourner encore en hyver, et les eaux et la réverbération du soleil et la siccité des vents frappans contre terre fait eslever grande quantité d’eau : lesquelles estant rassemblées en l’aër et formées en nuées, sont portées d’un costé et d’autre comme les héraults envoyés de Dieu. »

Le phénomène que notre voyageur observe sur les Pyrénées a une explication bien simple. L’air de la vallée plus chaud monte sur les flancs de la montagne, le Canigou, par exemple. Arrivé au sommet, il rencontre une température plus froide. Alors, il se condense en vapeur d’eau et produit un brouillard qui