Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/251

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si rassurant pour l’avenir que Mme Dalignac se laissa convaincre et s’abandonna.

Elle vécut peu d’heures tranquilles, car dès le lendemain elle regrettait la parole donnée. Elle disait tout angoissée :

— Avec elle je ne pourrai rien faire de bien. Quand elle est près de moi, il me semble qu’elle ferme la porte de mon cerveau et qu’elle en garde la clef dans sa poche.

D’autres tourments vinrent la harceler.

Que deviendraient Bouledogue et Bergeounette ?

Elle savait bien que ni l’une ni l’autre n’entrerait dans l’atelier d’à côté. Puis elle se vit seule dans son appartement si bruyant depuis toujours. Elle imagina la porte de communication s’ouvrant à tout moment pour laisser passer Mme Doublé et ses exigences. Et devant les désagréments qu’allait lui apporter l’association Doublé-Dalignac sœurs, elle perdit courage et dit :

— Oh ! mon Dieu ! Comme il est difficile de vivre.

Son chagrin ne diminua pas. Mme Doublé, qui ne savait pas plus cacher sa joie que sa colère, l’augmentait par ses familiarités et ses conseils, et, en très peu de temps, le beau visage de Mme Dalignac se flétrit.

Il me vint une idée. Les sommes qui n’avaient pas été payées par les anciennes clientes représentaient largement les quelques milliers de francs que devait Mme Dalignac, et si on pouvait faire rentrer cet argent, tout serait sauvé.