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Mme  Dalignac refusa de tenter ce moyen.

— Pas une de ces dames ne consentirait à payer la façon d’une robe usée, me dit-elle.

Cependant le jour où elle devait donner sa signature d’associée, son chagrin devint si vif, que je partis avec les factures sans vouloir l’écouter.

La première cliente à laquelle je m’adressai s’étonna grandement et promit d’écrire à Mme  Dalignac. La seconde rit beaucoup et rappela sa bonne qui revint bourrue et rageuse pour me pousser dehors. La troisième dit :

— En voilà une histoire.

J’allais de l’une chez l’autre où j’entendais les mêmes mots de regrets ou de révolte, mais je ne me décourageais pas. Coûte que coûte il me fallait de l’argent. J’avais gardé pour la dernière la plus grosse somme, et mon espoir grandissait. C’était une cliente qui habitait tout en haut des Champs-Élysées et qui portait plusieurs noms et titres que Duretour avait transformés en Mme  de Machin-Chose.

La femme de chambre disparut avec la facture et revint en m’affirmant que sa patronne était sortie.

Ma confiance était si grande que je décidai d’attendre le retour de la riche cliente. J’attendis longtemps, si longtemps que le silence m’effraya tout à coup, et que je m’aperçus qu’il faisait nuit dans l’antichambre. Je m’inquiétai vivement de l’heure présente, et je remuai dans l’espoir de voir arriver quelqu’un. Presque aussitôt j’entendis un