Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/253

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bruit de pas et je reconnus la voix de Mme  de Machin-Chose qui demandait :

— Est-ce que cette couturière attend toujours ?

J’eus un bourdonnement dans les oreilles, et avant qu’il eût cessé, la même voix reprit :

— Renvoyez-la donc.

Dehors, je restai comme assommée. Les hautes lampes électriques m’éblouissaient de leur lumière et je ne savais plus de quel côté me diriger pour retourner avenue du Maine. Je voulus m’asseoir sur un banc pour essayer de mettre un peu d’ordre dans mes idées, mais une peur de moi-même me fit repartir.

Il me sembla que mes idées tournaient dans ma tête avec une vitesse effrayante et que rien désormais ne pouvait les arrêter.

En rentrant je trouvai Clément et Mme  Doublé assis de chaque côté de Mme  Dalignac. Tous deux étaient rouges comme les gens qui ont beaucoup parlé, mais si Mme  Dalignac restait pâle, je fus surprise de voir que son visage n’était plus crispé, et qu’il gardait au contraire comme un reflet de grand contentement.

Son regard ne se posa qu’un instant sur les factures que je tenais à la main. Elle fit vers Clément un geste que je ne compris pas. Puis elle prit la plume, la trempa deux fois dans l’encrier et signa le papier qui était devant elle.

Sur l’avenue, Clément fit montre d’une joie désordonnée en m’apprenant que sa tante avait donné sa signature de bon cœur parce que