Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/269

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un mot elle s’affaissa malgré mes efforts pour la retenir.

Deux hommes la portèrent dans un hôtel proche. Le médecin qui vint m’attira un peu à l’écart pour me poser quelques questions. Et comme je m’informais de la gravité du mal de Mme Dalignac, il me dit simplement :

— Elle va mourir.

J’eus un instant l’espoir qu’il se trompait.

Après quelques soins, Mme Dalignac serra ma main qui tenait la sienne, et je vis qu’elle voulait parler. Mais ses lèvres ne remuèrent pas, sa gorge seulement fit de grands efforts et je compris qu’elle disait :

— L’atelier, l’atelier.

Puis ses yeux se fermèrent. Toute souffrance s’effaça de son visage et son souffle cessa.


Midi sonnait aux églises et sifflait aux usines lorsque j’entrai de nouveau dans l’atelier. Toutes les ouvrières étaient debout, prêtes à sortir. Bergeounette, penchée à la fenêtre, s’assurait que le chemin était libre, et Duretour chantait de sa voix fausse et joyeuse :


Paris, Paris,
Paradis de la femme.


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