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MARIE-CLAIRE

Je répondis que je ne savais pas.

Elle m’envoya en pénitence sous le hangar, en m’assurant que je n’aurais comme nourriture que du pain et de l’eau.

Comme je n’avais pas menti, la pénitence me laissa indifférente.

Sous ce hangar, il n’y avait que de vieilles armoires, et des choses servant au jardinage. Je grimpai d’une chose sur l’autre, et je me trouvai bientôt assise sur la plus haute armoire.

J’avais dix ans, et c’était la première fois que je me trouvais seule. J’en ressentis comme un contentement. Tout en balançant mes jambes, j’imaginais tout un monde invisible : une vieille armoire à ferrures rouillées devint l’entrée d’un palais magnifique. J’étais une petite fille abandonnée sur une montagne ; une belle dame vêtue comme une fée m’avait aperçue et venait me chercher ; des chiens merveilleux couraient devant elle ; ils étaient presque à mes pieds, lorsque je vis devant l’armoire aux ferrures sœur Marie-Aimée, qui regardait de tous côtés.

Je ne savais pas que j’étais assise sur un