Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/108

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peu sucé de son miel liquide, qu’elle doit, je l’imagine, regarder ce larcin comme un bienfait, puisqu’il l’a délivrée, en même temps, des attaques de ses ennemis.

Les prairies, les champs, les vergers et même les plus profonds ombrages des forêts sont visités tour à tour ; et partout le petit oiseau trouve plaisir et nourriture. La beauté de sa gorge, son éclat éblouissant, désespèrent véritablement toute comparaison : tantôt elle étincelle des reflets du feu, et l’instant d’après passe au noir de velours le plus foncé ; en dessus, son corps élégant resplendit d’un vert changeant ; et quand il fend les airs, c’est avec une prestesse, une agilité qu’on ne peut concevoir ; quand il se meut d’une fleur à l’autre, en haut, en bas, à droite, à gauche, on dirait un rayon de lumière. C’est ainsi qu’il remonte jusqu’aux parties nord les plus reculées de notre pays, suivant avec grand soin les progrès de chaque saison, et se retirant avec non moins de précaution aux approches de l’automne.

Que ne puis-je, cher lecteur, vous faire partager les transports que j’ai éprouvés moi-même en épiant leurs évolutions que l’œil suit à peine, en contemplant leurs tendres manifestations, alors qu’en un couple charmant deux de ces délicieux petits êtres, vrais favoris de la nature, se donnent l’un à l’autre des preuves de leur mutuel amour ; que ne puis-je vous dire comment le mâle gonfle ses plumes et sa gorge, et semblant danser sur ses ailes, tourbillonne autour de sa femelle si délicate ; avec quelle rapidité il plonge vers une fleur et revient le bec chargé, pour l’offrir à celle dont la