Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/121

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étaient encore en feu, s’élancèrent à la porte ; mais le mari leur expliqua la cause de leur terreur, et elles se remirent à leur ouvrage.

Les pauvres créatures ! s’écria le bûcheron ; je parie que ce que je viens de vous dire a rappelé de sombres souvenirs à l’esprit de ma femme et de ma fille aînée. C’est qu’elles et moi, il nous fallut fuir de chez nous au temps des grands feux.

J’avais entendu avec tant d’intérêt ce qu’il m’avait rapporté des causes de ces incendies, que je le priai de me raconter aussi les particularités du malheur auquel il venait de faire allusion. — Si Prudence et Polly, dit-il en regardant sa femme et sa fille, veulent promettre de rester tranquilles, en cas qu’un second coup de vent nous amène encore de la fumée, je ne demande pas mieux. Le sourire plein de bonté dont il accompagna sa remarque lui en valut, en retour, un tout pareil de la part des deux femmes, et il continua :

Vous décrire une pareille scène, monsieur, n’est pas chose facile ; mais je m’y prendrai de mon mieux pour vous faire passer le temps agréablement.

Une nuit, nous dormions profondément dans notre cabane, à une centaine de milles de celle-ci, lorsque, environ deux heures avant le jour, le hennissement des chevaux et le mugissement des bestiaux que j’avais laissés errer dans les bois nous réveillèrent en sursaut. Je saisis mon fusil et me précipitai vers la porte pour voir quelle sorte de bête avait pu causer tout ce vacarme ; mais je fus frappé d’un immense éclat de lumière,