Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/136

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se sont établis de chaque côté d’un noble et vénérable chêne. Mais leurs haches, si bien aiguisées et trempées qu’elles soient, ne paraissent pas faire grande impression sur lui, car les coups les mieux appliqués n’en enlèvent que de menus copeaux qui volent parmi la mousse et les racines serpentant au loin. Enfin, l’un d’eux se décide à grimper sur un autre arbre dont les branches en tombant se sont accrochées à la cime épaisse de ses voisins. Voyez comme il s’avance avec précaution, pieds nus, un mouchoir enroulé autour de la tête. Maintenant il est parvenu à environ quarante pieds du sol, il cesse de monter, et s’établissant carrément sur le tronc qui lui sert d’appui, d’un bras nerveux il manœuvre sa bonne hache. L’arbre est aussi dur qu’il est gros, mais les coups redoublés qu’il lui porte l’auront bientôt partagé en deux. À présent, il change de côté et vous tourne le dos. L’arbre ne tient plus que par une mince tranche de bois ; il place son pied sur la partie qui est entaillée, et le secoue de toutes ses forces. Le tronc pesant se balance un moment sous ses efforts ; tout à coup il cède, et quand il frappe la terre, le bruit de sa chute fait retentir tous les échos du bocage, et les dindons effrayés se renvoient l’un à l’autre leur glou glou d’appel. Le bûcheron, lui, se remet et se recueille un instant, puis il jette sa hache en bas et, se laissant glisser le long d’une branche de vigne, se retrouve bientôt sur le sol.

Plusieurs hommes alors s’approchent pour examiner le chêne étendu devant eux : ils le coupent aux deux extrémités et sondent partout l’écorce, pour reconnaître