Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/171

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juger de la puissance du vol chez ces oiseaux, et surtout lorsqu’ils viennent à se heurter contre quelque impétueux coup de vent. Ils font face à l’ouragan, et semblent glisser sur ses bords, comme déterminés à ne pas perdre un pouce du terrain qu’ils ont gagné. Le premier rang affronte la tourmente avec opiniâtreté, montant ou plongeant à la surface des courants opposés, pénétrant dans le centre même du tourbillon, et bien décidé à se frayer un passage tout au travers ; tandis que derrière, le reste suit de près, les uns et les autres serrés ensemble et formant un tout si compacte, qu’on ne voit, d’en bas, qu’une masse noire. Alors ils n’ont pas le temps de pousser un cri ; mais du moment qu’ils ont doublé la dernière pointe du courant, ils se relâchent de leurs efforts, reprennent haleine, et tous d’une voix font entendre un joyeux gazouillement, pour se féliciter de l’heureuse issue d’une pareille lutte.

Le vol, dans cette espèce, ressemble beaucoup à celui de l’hirondelle de fenêtre ; mais, bien que facile et gracieux, il ne peut être comparé, pour la rapidité, à celui de l’hirondelle domestique. Excepté celle-ci, le martinet peut distancer tout autre oiseau. C’est plaisir de les voir se baigner et boire tout en volant, lorsque, sur un lac ou une rivière, par un brusque mouvement imprimé à la partie postérieure de leur corps, ils l’amènent en contact avec l’eau, pour se renlever l’instant d’après et se secouer ainsi que fait un barbet, en éparpillant les gouttes, comme autant de perles, tout autour d’eux. Quand ils veulent boire, ils rasent la surface de l’eau, les deux ailes entièrement relevées, et formant l’une avec