Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/173

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nid. Pendant l’hiver, j’établis de cette manière d’autres petites boîtes, désirant y attirer aussi des oiseaux bleus. Au printemps, arrivèrent les martinets, qui, trouvant ces petits appartements plus agréables que les leurs, s’y installèrent, en forçant les jolis oiseaux bleus à décamper. J’observai les divers combats qui furent livrés en cette occasion, et je m’assurai que l’un des oiseaux bleus était doué, pour le moins, d’autant de courage que son adversaire ; seulement, le martinet étant le plus fort, il avait dû lui céder sa maison, où son nid se trouvait presque terminé ; mais, autant qu’il était en son pouvoir, il ne manquait pas une occasion de taquiner l’usurpateur. Le martinet mettait la tête à la fenêtre, et se contentait de lui répondre par des accents d’insulte et de défi. Je vis bien qu’il me fallait intervenir. En conséquence, je montai sur l’arbre où la boîte de l’oiseau bleu était attachée, pris le martinet et lui rognai la queue avec des ciseaux, dans l’espoir que cette punition mortifiante produirait son effet et l’engagerait à retourner à ses quartiers. Pas du tout : je ne l’eus pas plutôt lâché, qu’il courut droit à la boîte et y rentra. Je le pris une seconde fois et lui coupai la pointe de chaque aile, de façon cependant qu’il pût toujours voler pour chercher sa nourriture ; puis je le remis en liberté : mais cela n’y fit encore rien, et je vis l’entêté martinet se réinstaller dans la boîte en dépit de tous mes efforts. Alors, de colère, je le pris et le traitai de telle sorte, qu’il ne revint jamais plus troubler le voisinage.

Chez un de mes amis, dans la Louisiane, des marti-