Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/187

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brises printanières le parfum de leurs cimes fleuries ; où l’atmosphère est presque toujours imprégnée d’une douce chaleur ; où baies et fruits de toute espèce se rencontrent pour ainsi dire à chaque pas ; en un mot, c’est aux lieux où la nature, en passant au-dessus de notre terre, semble s’être arrêtée un instant pour verser tous ses trésors, et répandre d’une main libérale les innombrables germes d’où sont sorties toutes ces belles et splendides formes que j’essaierais en vain de vous décrire ; oui, c’est là que l’oiseau moqueur devait fixer sa demeure : c’est là seulement qu’il devait faire entendre ses notes inimitables.

Mais où peut-elle exister, cette terre favorisée des cieux ? Il est un immense continent, aux lointains rivages duquel l’Europe envoya ses fils aventureux qui venaient se conquérir une habitation aux dépens des hôtes sauvages de la forêt, et convertir un sol abandonné en champs d’une fertilité exubérante : la Louisiane ! C’est là que toutes ces bontés de la nature éclatent dans leur plus grande perfection, et où je voudrais qu’en ce moment, près de moi, vous pussiez prêter l’oreille au chant d’amour de l’oiseau moqueur. Voyez comme il voltige autour de sa femelle, non moins agile, non moins léger que le papillon ; sa queue est largement étalée ; il monte, mais sans s’éloigner, décrit un cercle et redescend se poser auprès de sa bien-aimée, les yeux rayonnants de bonheur, car elle vient de lui promettre d’être à lui, de n’être qu’à lui ! Ses belles ailes se lèvent doucement ; il s’incline vers l’objet de son amour, et de nouveau, bondissant dans