Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/201

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corne, et nous étant rapprochés du pionnier, nous nous enfonçâmes dans l’épaisseur des bois, dirigés par l’appel, de temps en temps répété, des chasseurs. Cependant nous ne tardâmes pas à nous rencontrer avec les autres camarades au lieu du rendez-vous. Les meilleurs chiens furent dépêchés pour dépister le couguar ; et bientôt toute la meute était à l’œuvre, et se portait bravement vers l’intérieur du marais. Aussitôt les carabines furent apprêtées, et nous suivîmes les chiens à diverses distances, mais toujours en vue les uns des autres, et déterminés à ne pas tirer sur d’autre gibier que la panthère.

Les chiens avaient commencé à donner ; soudain ils hâtèrent le pas. Mon compagnon en conclut que l’animal était à terre ; et mettant nos chevaux au petit galop, nous continuâmes à suivre les chiens, en nous guidant sur leur voix. Le tapage augmentait, les aboiements redoublaient ; lorsque tout d’un coup nous les entendîmes faiblir et changer de note. « En avant, en avant ! me cria le pionnier : la bête est maintenant perchée, c’est-à-dire qu’elle a gagné les basses branches de quelque gros arbre ; et si nous ne parvenons à la tuer dans cette position, pour sûr elle nous fera longtemps courir. » En approchant du lieu où elle devait être, nous ne formions plus qu’un peloton ; mais ayant aperçu les chiens qui, en effet, étaient tous postés au pied d’un gros arbre, nous nous dispersâmes au galop pour l’entourer.

Chaque chasseur alors se tint en garde, l’arme prête, et laissant pendre la bride sur le cou de son cheval, tandis qu’il s’avançait à petits pas vers les chiens. Un