Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/204

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désespoir. Mais le pionnier, s’avançant au front de la troupe et jusqu’au milieu des chiens, lui logea une balle au défaut de l’épaule gauche. — Le couguar se débattit un instant dans les convulsions de l’agonie, et bientôt retomba mort.

Le soleil, à ce moment, allait disparaître dans l’ouest. Deux des chasseurs furent détachés pour nous procurer de la venaison ; tandis que les fils du pionnier recevaient l’ordre de retourner au logis pour donner, au matin, la nourriture aux cochons. Le reste de la troupe résolut de camper sur le champ de bataille. Le couguar fut dépouillé ; on prit sa peau, et l’on abandonna le reste aux chiens affamés. Pendant que nous étions occupés à préparer notre campement, un coup de fusil se fit entendre, et bientôt l’un de nos chasseurs revint avec un petit daim. On alluma du feu ; chacun tira sa provision de pain, accompagnée d’un flacon de whisky ; le daim fut partagé en trois portions, et l’on fit rôtir les grillades sur des bâtons devant les flammes. N’était-ce pas assez pour faire un bon repas ? Ajoutez historiettes et chansons qui commencèrent à circuler à la ronde. Cependant la nuit devenait plus noire, et mes camarades fatigués, jugèrent à propos de s’étendre par terre devant les cendres, où ils furent bientôt profondément endormis.

Quant à moi, je me promenai quelques minutes autour du camp, pour contempler les beautés de cette nature au sein de laquelle j’ai toujours su trouver mes plus grandes jouissances. Je repassais dans mon esprit les divers incidents de la journée, et tout en parcourant des yeux les environs, je remarquais les singuliers effets produits