Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/208

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que, tout en voyageant du train que nous venons d’indiquer, ils sont capables d’inspecter le pays qui s’étend au-dessous d’eux, de découvrir aisément s’il s’y trouve de la nourriture, et d’atteindre ainsi le but pour lequel ils ont entrepris leur voyage. C’est ce dont j’ai pu m’assurer également : ainsi, quand ils passaient au-dessus de terrains stériles ou peu fournis des aliments qui leur conviennent, ils se maintenaient haut en l’air volant sur un front étendu, de manière à pouvoir explorer des centaines d’acres à la fois ; au contraire, dès qu’apparaissaient de riches moissons ou des arbres chargés d’une provision de graines et de fruits, ils commençaient à voler bas, pour découvrir sur quelle partie de la contrée les attendait le plus ample butin.

Leur corps est d’une forme ovale allongée, terminé en guise de gouvernail par une queue longue aussi, abondamment garnie de plumes, et porté en avant par des ailes bien attachées, et dont les muscles sont très gros et très forts, eu égard à la taille de l’oiseau. Qu’un de ces pigeons soit aperçu glissant à travers les bois et non loin du regard de l’observateur, il passe rapide comme la pensée, et lorsqu’on veut le revoir encore, les yeux cherchent en vain ; il n’y est déjà plus !

La multitude de ces pigeons dans nos forêts est véritablement étonnante ; à ce point que moi-même, qui ai pu les observer si souvent et en tant de circonstances, j’hésite encore et me demande si ce que je vais raconter est bien un fait ; et pourtant je l’ai vu, je l’ai bien vu, et cela dans la compagnie de personnes qui, comme moi, en restèrent frappées de stupeur.