Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/218

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à tour le contenu de leur jabot. Mais ces préliminaires sont assez promptement terminés, et les pigeons commencent leur nid, au milieu d’une paix et d’une harmonie générales. Il est formé de quelques brindilles sèches entrecroisées, et supporté par des branches fourchues. Sur le même arbre, on trouve fréquemment de cinquante à soixante de ces nids ; je dirais plus, cher lecteur, si je ne craignais que cette histoire, déjà si étonnante du pigeon sauvage, ne vous parût tourner tout à fait au merveilleux. Chacun contient deux œufs en forme de large ellipse et d’un blanc pur. Durant l’incubation, le mâle fournit aux besoins de la femelle, et sa tendresse, son affection pour elle, ont quelque chose de frappant. Un fait également remarquable, c’est que chaque couvée se compose généralement d’un mâle et d’une femelle.

Mais ici encore, le tyran de la création, l’homme, intervient pour troubler l’harmonie de cette pacifique scène. Quand les jeunes oiseaux commencent à grandir, arrive leur ennemi, armé de haches pour en prendre et détruire le plus qu’il pourra. Les arbres sont coupés, et on les fait tomber de façon que la chute de l’un entraîne celle des autres, ou du moins leur donne une telle secousse que les pauvres pigeonneaux, comme on les appelle, sont précipités violemment sur la terre. De cette manière aussi on en détruit d’immenses quantités.

Les jeunes reçoivent la nourriture des parents, de la manière que nous avons ci-dessus indiquée, c’est-à-dire qu’elle leur est dégorgée dans le bec, et ils les quittent aussitôt qu’ils peuvent se suffire à eux-mêmes, pour