Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/223

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toutes vives dans un grand feu de bois, et aussitôt grillées, ils les dévoraient encore si chaudes qu’aucun de nous n’eût pu même y toucher. Quand elles furent convenablement refroidies, j’en goûtai et les trouvai beaucoup plus savoureuses que celles qu’on fait bouillir. — On nous représenta le pays comme abondant en gibier ; la température y était de 20 degrés[1] plus élevée que celle du Labrador ; et pourtant on me dit que, dans la baie, la glace se brisait rarement avant la mi-mai, et que peu de vaisseaux essayaient de gagner le Labrador avant le 10 juin, époque où commence la pêche de la morue.

Une après-midi, nous reçûmes la visite d’une députation que nous adressaient les habitants du village, pour inviter tout notre monde à un bal qui devait avoir lieu cette nuit même ; on nous priait de prendre avec nous nos instruments. À l’unanimité, l’invitation fut acceptée ; nous voyions bien qu’elle nous était faite de bon cœur ; et comme nous nous aperçûmes que les députés avaient un faible pour le vieux jamaïque, nous leur en versâmes, non moins cordialement, quelques rasades qui nous prouvèrent bientôt qu’il n’avait rien perdu de sa force pour avoir fait le voyage du Labrador. À dix heures, terme indiqué, nous débarquâmes. Des lanternes de papier nous éclairaient vers la salle de danse. L’un de nous avait sa flûte, un autre son violon, et moi, je portais dans ma poche un flageolet.

La salle n’était rien moins que le rez-de-chaussée

  1. Toujours au thermomètre de Fahrenheit.