Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/235

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à diriger sa course au milieu des plus épais brouillards du nord, et il est de force à traverser d’immenses étendues de terre et d’eau sans se reposer.

Le corbeau est omnivore ; sa nourriture consiste en petits animaux de toute espèce : œufs, poissons morts, charognes, crustacés, insectes, vers, noix, différentes sortes de baies et de fruits. Je ne l’ai jamais vu s’attaquer à de gros animaux vivants, comme ont coutume de le faire le vautour noir et le catharte aura ; mais je sais qu’il suit les chasseurs sans chien pour se repaître des parties du gibier qu’on rejette, et qu’il emporte le poisson salé, quand on le met rafraîchir à la fontaine. Quelquefois il s’élève en l’air, tenant un crustacé qu’il laisse retomber exprès pour le briser sur quelque rocher. Sa vue est excessivement perçante, mais son odorat, si tant est qu’il possède ce sens, est faible ; sous ce rapport, il offre une grande ressemblance avec nos vautours.

La saison de couver pour ces oiseaux varie, suivant la latitude, du commencement de janvier à celui de juin ; la durée de l’incubation est de dix-neuf ou vingt jours. Ils ne font qu’une nichée par an, à moins qu’on n’enlève les œufs ou qu’on ne détruise les petits. Les jeunes restent dans le nid plusieurs semaines, avant de pouvoir voler. C’est toujours au même nid que les vieux reviennent d’année en année, et s’il arrive que l’un d’eux périsse, l’autre prend un nouveau compagnon pour habiter avec lui la même demeure. Il y a plus : après que les petits sont éclos, si l’un des parents est tué, d’ordinaire le survivant s’y prend de manière