Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/237

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leurs petits ou du nid est menacée, ils se montrent pleins de courage, et repoussent aigles et faucons, chaque fois qu’il leur arrive d’approcher ; mais pourtant, dans aucun cas, ils ne s’aventurent à attaquer l’homme. Il est même extrêmement difficile de venir à portée de fusil d’un vieux corbeau. Plus d’une fois, je me suis trouvé à quelques pas seulement d’un de ces oiseaux, pendant qu’il était sur ses œufs, m’en étant approché en rampant avec les plus grandes précautions, jusqu’à la crête d’un rocher qui surplombait son nid. Mais aussitôt qu’il m’avait aperçu, il partait avec toutes les apparences de la frayeur. — Ils sont tellement circonspects et si rusés, qu’on n’en attrape presque jamais au piége. Ils feront très bien le guet près de celui qu’on a tendu pour un renard, un loup, un ours, attendant que quelqu’un de ces animaux passe et s’y prenne, pour aller ensuite eux-mêmes manger l’appât !

J’ai déjà noté que quelques corbeaux vont, au sud, faire leur nid jusque dans les Carolines. Le lieu où ils se retirent, pour cet objet, est appelé la montagne de la Table et situé dans le district de Pendleton. L’extrait suivant des Vues de la Caroline du Sud, par Drayton, pourra nous en donner une idée :

« La montagne de la Table est la plus remarquable de toutes celles de cet État. Sa hauteur excède trois mille pieds, et à la vue simple, on peut, de son sommet, distinguer d’un seul coup d’œil une trentaine de fermes. Son flanc est un précipice abrupt, d’un roc solide, de trois cents pieds de profondeur et presque à pic. On l’appelle le Saut de l’amant. Pour ceux qui