Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/248

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mas Lincoln, s’offrit à me conduire dans les bois retirés au milieu desquels, parmi les mélèzes et les sapins, on trouverait cette espèce de perdrix que je cherchais. Nous partîmes donc le 27 d’août, accompagnés de mes deux fils. Thomas, ayant une parfaite connaissance des bois, marchait à notre tête ; et vous pouvez m’en croire, le suivre à travers les inextricables forêts de son cher pays, comme aussi par-dessus les mousses profondes du Labrador, où plus tard lui-même il m’accompagna, n’était besogne facile ni agréable. La chaleur nous accablait, et les moustiques et les taons faisaient de leur mieux pour nous la rendre insupportable. Néanmoins nous résistâmes toute la journée ; monceaux d’arbres, marécages, épaisses broussailles, rien ne put nous arrêter. Malgré cela, pas une perdrix ne se montrait, même dans les endroits où auparavant notre guide les avait vues. Ce qui me vexa le plus, c’est qu’en nous en revenant, au coucher du soleil, dans une prairie à un quart de mille du village, les gens qui coupaient le foin nous dirent qu’une demi-heure environ après notre départ, ils en avaient fait lever une belle compagnie ; mais nous étions trop fatigués pour nous remettre en chasse, et nous rentrâmes au logis.

Toujours plein d’ardeur, sinon d’impatience, je pris mes mesures pour me procurer de ces perdrix, en offrant un bon prix pour quelques couples de vieilles et de jeunes. En outre, je ne tardai pas à renouveler mes poursuites, en compagnie d’un homme qui m’avait promis de me conduire aux lieux mêmes où elles nichaient, et qui tint parole. Ces retraites profondes, je ne puis