Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

position à remonter à la surface. Quant aux autres qui restent au fond, je vous les garantis, cher lecteur : vous n’en avez jamais mangé de plus succulents, et vos pintades n’en pondent pas de meilleurs dans votre grange.

Le poisson précédemment pris et salé est mis à terre au premier port. On emploie à cette besogne ceux des hommes de l’équipage que le capitaine a reconnus les moins adroits à la pêche. Là, sur des rochers nus ou des échafaudages recouvrant un espace considérable, les morues sont étendues côte à côte pour sécher au soleil ; on les tourne plusieurs fois par jour, et, dans les intervalles, les hommes donnent un coup de main à bord pour nettoyer et serrer les autres produits qu’apportent continuellement les bateaux. Vers le soir, ils reviennent à leurs sécheries pour mettre le poisson en piles qui ressemblent à autant de meules de foin. Ils ont soin d’en disposer le haut de manière à ce que la pluie glisse dessus, et de placer une grosse pierre au sommet pour les empêcher d’être renversées, en cas qu’il survienne quelque fort coup de vent pendant la nuit.

Cependant, le capelan s’est approché des rivages, et, par milliers entre dans chaque bassin, dans chaque ruisseau pour y déposer son frai, car juillet est arrivé. Les morues le suivent, comme le limier suit sa proie, et leurs masses compactes couvrent littéralement les bords. Maintenant, les pêcheurs vont adopter une autre méthode : ils ont apporté avec eux de vastes et profondes seines[1], dont un bout est fixé sur la rive à

  1. Grand filet qui présente souvent un sac dans son milieu.