Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur le rivage où, en dernier ressort, ils servent de pâture aux ours, aux loups et aux corbeaux. Les poissons qu’on prend le long de la côte, ou seulement à quelques milles dans les stations de pêche, sont de dimensions médiocres ; et je ne crois pas me tromper en disant qu’il y en a peu qui pèsent plus de deux livres, après qu’ils sont complétement vidés, ou qui dépassent six livres au moment où on les tire de l’eau. — Ils sont sujets à plusieurs maladies et parfois tourmentés par des animaux parasites qui, en peu de temps, les rendent maigres et impropres à la consommation.

Il y a des individus qui, par négligence ou autre cause, ne pêchent qu’avec des hameçons nus et blessent ainsi fréquemment les morues sans les prendre, ce qui les effraye et les fait fuir en foule, au grand préjudice des autres pêcheurs. Quelques-uns emportent leur cargaison de station en station avant de les sécher, tandis que d’autres s’en défont sur-le-champ, en les vendant à des agents venus de pays éloignés. Certains pêcheurs n’ont qu’une pinasse de cinquante tonneaux ; d’autres sont propriétaires de sept ou huit vaisseaux d’une contenance égale ou supérieure. Mais quels que soient leurs moyens, si la saison est favorable, ils se voient en général largement payés de leurs peines. Par exemple, j’ai connu des individus qui, engagés comme mousses à leur premier voyage, se trouvaient, au bout de dix ans, dans une position indépendante, et n’en continuaient pas moins leur métier de pêcheur. « Quelle existence pour nous, me disaient-ils, s’il nous fallait rester sans rien faire à la maison ! » Je m’en rappelle un